lundi 30 novembre 2015

Nettoyons les rues de Paris avec Green Bird


きれいな町は、人の心もきれいにする」*
* "A clean town also makes people's hearts and minds clean"

Beaucoup d'articles ont circulé sur les internets ces derniers mois mettant en avant des Japonais nettoyant les rues de Paris. Il s'agit de l'association japonaise à but non lucratif Green bird (グリーンバード) créée en 2003 et réunissant des volontaires dont l'objectif est de nettoyer les rues de leur ville. Leurs actions ont surtout lieu à Tokyo, notamment dans les quartiers très fréquentés, mais de nombreuses villes du pays ont également leurs équipes de volontaires.
En 2007, une antenne a ouvert à Paris, dont les membres se réunissent une fois par mois pour nettoyer un quartier précis. Il en existe aussi au Sri Lanka et en Italie,

J'avais déjà vu à plusieurs reprises les fameux dossards verts des volontaires à Tokyo ramasser les déchets à Harajuku, sans trop comprendre quelle était vraiment leur association, mais j'avais gardé dans un coin de ma tête que le mouvement semblait intéressant, positif et utile. Et c'est grâce à des amis japonais qui m'ont parlé de la vague d'articles au sujet de l'antenne française que j'ai eu envie de les rejoindre ! Parce que c'est bien beau d'être sensible à l'écologie, d'avoir de jolies idées sur l'avenir et de faire attention à ne pas laisser couler la douche trop longtemps, mais cela ne me suffit pas. J'ai envie de m'impliquer au quotidien dans le mieux vivre (ensemble).


Participer au ramassage

Les green birds se retrouvent une fois par mois (en général un samedi après-midi) dans un quartier précis de Paris et se donnent 1h pour nettoyer un petit secteur défini. Les rendez-vous sont mis à jour sur la page Facebook et sur le site internet. La participation est entièrement libre : aucun besoin de s'inscrire en avance, de payer une cotisation ou d'être régulier dans ses venues, il suffit d'arriver à l'heure indiquée sur l'événement les mains dans les poches. Le matériel est apporté par les représentants de l'association : gants, dossards, pinces de ramassage et sacs poubelles. Il nous est distribué avant le ramassage et repris à la fin. Il arrive même que certains passants s'arrêtent, demandent des renseignements puis finalement enfilent un dossard et mettent la main à la pâte ! Ces moments là sont très touchants.

Chaque session dure 1h, ce qui peut sembler court voire inutile à première vue mais qui s'avère finalement très bien dosé. Le but n'est pas de nettoyer toute la ville mais de sensibiliser les passants tout en étant actif. Plus nous sommes nombreux, plus le ramassage est effectif, même sur un si court laps de temps.
1h, c'est un créneau facile à libérer dans son week-end, qui n'ampute pas les activités habituelles qui deviennent rapidement prioritaires en cas de coup de flemme. 
Puis il faut tout de même avouer que passer son temps courbé le nez vers le sol fatigue vite. 1h c'est suffisant pour être efficace sans être gêné physiquement ou épuisé. 



Les questions que ce rassemblement soulève

L'association se veut sans activisme moralisateur ou culpabilisant. C'est important pour moi qui ai déjà travaillé pour les ONG en tant que "recruteuse de donateur". Vous savez, ces groupes dans les rues que l'on fuit délibérément avec un petit "j'suis pressé" ou "je donne déjà" sans jamais s'arrêter, ô grand jamais sinon on est cuit ! Cette expérience m'avait énormément déplu tant elle ne correspondait pas à ma vision du don aux ONG : nous y avions une formation pour apprendre tous les arguments pour contrer les défenses des passants qui ont eu la malchance de s'arrêter (à moins d'être interdit bancaire nous avions tous les arguments pour vous faire comprendre que vous n'êtes qu'un sale égoïste qui ne veut pas donner son argent à des gens dans le besoin), un activisme pressant extrêmement déplaisant à appliquer (accompagner les gens à la banque pour les motiver à donner leur RIB, un nombre de contrats à faire remplir par jour pour pouvoir garder son job...). Bref, je suis devenue méfiante à l'extrême envers les associations pour qui la générosité et le combat ne sont jamais suffisants, les transformant ainsi en obligations morales déplaisantes.
Green Bird n'a heureusement rien à voir !

Toutefois, elle soulève certaines questions au cours de discussions.
On rencontre des gens très gentils qui nous encouragent, qui s'arrêtent pour nous poser des questions pleines d'intérêt. Mon amie soulignait que bien sûrement, les gens qui prenaient le temps de le faire devaient déjà être des citoyens qui ne jettent pas leurs déchets et leurs mégots dans la rue. Les enfants aussi semblent intrigués, et c'est certainement une bonne chose.

Si un certain nombre de curieux trouvent l'action positive, d'autres la critiquent voire la bannissent.

"Ce n'est pas à vous de ramasser, mais aux employés du service public. S'ils ne font déjà pas leur travail, le faire à leur place ne les aidera pas à s'améliorer.
Avoir la réflexion courte et penser que des gens doivent être payés pour ramasser les merdes que nous ne sommes pas capables de jeter dans une poubelle de rue... Le problème n'est-il pas plutôt "Si les gens étaient éduqués correctement à ne pas jeter leurs déchets par terre, les rues ne seraient-elles pas plus propres ?" Mais ce serait certainement trop fatiguant pour ces gens qui essaient déjà d'émettre une réflexion par eux-même... Et puis l'humain aime trop se faire assister pour gérer toutes les petites tâches ingrates qu'il trouve trop avilissantes pour lui, n'est-ce pas !

"De quoi les japonais se mêlent-ils ? S'ils ne sont pas contents de nos rues, pourquoi restent-ils ?" Cette question est malheureusement un peu orientée par l'ensemble des articles parus ces derniers temps mettant en valeur le fait que ce sont des japonais qui nettoient les rues de Paris. Même si l'origine de cette association est effectivement tokyoïte, de plus en plus de franciliens rejoignent le mouvement. Il suffit de jeter un œil sur l'article de Mr Mondialisation pour voir le problème : seuls 2 occidentaux apparaissent sur les photos de la session des Champs Elysées, la photo de groupe n'a jamais été publiée. Je vous laisse compter le nombre de Japonais et de Français sur la photo que nous avions prise à la fin de l'opération, on n'est pas loin du moitié-moitié. Mais souligner que ce sont des étrangers qui nettoient nos rues interpelle davantage.



Mon expérience

Pour moi, ça a aussi été une aventure humaine (j'ai l'impression de lire ces mots partout en ce moment). J'y ai rencontré des gens tellement intéressants de tous les horizons, notamment au ramassage des Champs Elysées :
- De jeunes japonaises venues vivre à Paris pour faire leurs études ou pour travailler, n'hésitant pas à venir de banlieues lointaines pour passer une petite heure à nettoyer leur ville d'adoption.
- Camille et Antoine, un duo très sympa et plein de vie tenant un site de cours de français - TIPA France - pour les Japonais. Ils réalisaient une vidéo sur Green Bird et notre échange a été tellement intéressant ! Le gros plus de leur ligne éditoriale c'est leur univers musical : ils donnent vie à leurs vidéos grâce à leurs compositions et à la voix de Camille. Très jazzy, ca correspond très bien à la découverte de Paris. Nous avons un petit projet ensemble qui ne demande qu'à aboutir.
- Une japonaise vivant aux Etats-Unis et de passage en France pour ses vacances nous avaient rejoints au ramassage. Elle avait décidé de prendre un peu de temps sur ses vacances pour être utile à la ville. Son engouement et sa joie de vivre m'ont beaucoup bouleversée.

Une amie m'a accompagnée au ramassage de Beaugrenelle ce week-end. Je suis ravie de voir que le principe intéresse également des personnes qui n'ont absolument rien à voir avec le Japon. Au départ, ce sont surtout des gens passionnés par ce pays qui rejoignaient le mouvement mais cela tend à s'ouvrir de plus en plus. Le nombre de participants augmente un peu à chaque rassemblement ! Aux Champs Elysées nous étions 35, et à Beaugrenelle 32 en fin de session alors que certaines personnes accompagnées d'enfants étaient déjà parties.

La bonne humeur est toujours au rendez-vous et les séances de nettoyage finissent par une petite photo de groupe. Après tout, l'association est japonaise : prendre des photos dans la joie est essentiel lors d'un rassemblement !


Un petit mot sur TIPA France

Très bien fait, leur site propose des vidéos thématiques (sans sous-titres, avec sous-titres en français, ou en japonais), une vidéo pour apprendre la prononciation de certaines phrases clés, un PDF regroupant tous les contenus des vidéos avec des explications grammaticales et enfin un format MP3 de la vidéo pour pouvoir l'écouter sans image. Si des japonais de votre entourage souhaitent se mettre au français, ils peuvent s'abonner à un free trial d'un mois pour découvrir la pédagogie du site et pourquoi pas s'inscrire et continuer avec eux.

Je vous laisse en compagnie de Camille qui présente le ramassage des Champs Elysées et qui m'a posé quelques questions pour l'occasion !

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6 commentaires:

  1. C'est une super initiative!! Dans le même style, dans ma région il y a Mountain Riders qui font des ramassages en station au printemps, il faudrait que je les rejoigne cette année!

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  2. Très sympa le concept. 1h je trouve ça suffisant effectivement. On voit bien dans quelles positions les personnes se mettent pour tout ramasser et ça demande quelques efforts :)
    Très jolie la voix de Camille dans la vidéo, j'aime beaucoup.
    Agréable de te voir également, tu es bien sympathique ^^

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  3. J'en avais vaguement entendu parlé il y a un moment. Bravo et merci !

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  4. Peu importe que les gens soient français ou japonais, l'essentiel est de prendre soin du lieu où l'on se trouve. Il est important de savoir profiter du moment présent et de son lieu de vie ! Ce trait de caractère est peut-être plus courant chez les Japonais, mais cette expérience est la preuve qu'il peut être trouvé chez les Français également ;-).

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  5. Bonsoir!

    Je viens de voir Green Bird dans "66 minutes" à l'instant sur M6! Je pense que tu pourras revoir en replay, c'était rapide mais amusant et sympa de voir cette association à la TV française.

    Bravo en tout cas! ;)

    PS: et bonne année 2016 bien-sûr!

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  6. Céline : Merci beaucoup pour le partage, je vais regarder si le reportage est en replay :) Bonne année à toi aussi, je te souhaite plein de jolies choses.

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