vendredi 16 octobre 2015

Les cours de japonais à la Maison Pop - Montreuil

Image VisaJapon.com
J'aime beaucoup apprendre le japonais seule mais j'ai souvent beaucoup de mal à être rigoureuse. Il y a des mois où je ne fais que ça et d'autres où je mets tout de côté pour m'investir dans d'autres activités. C'est pourquoi j'avais décidé de me réinscrire à des cours du soir, pour me donner une structure qui me stimule tout en apprenant de nouvelles choses.

Habitant maintenant Montreuil (93), j'avais découvert avec une joie à peine dissimulée que la Maison Populaire proposait des cours avec une professeur japonaise. J'ai foncé, je me suis inscrite pour l'année.

Maintenant que la rentrée est passée et que je commence à avoir un peu de recul, je peux vous en parler !

L'inscription

La Maison Populaire est une "association d'éducation populaire", un peu comme une MJC finalement. Elle propose un panel d'activités très impressionnant, que ce soit sportives, culturelles, musicales, informatiques... A priori, il en existe pour tous les goûts.
Le lieu est génial. Confortable et spacieux, on y trouve salles de cours (mon collège était miteux en comparaison), salles de danse, dojo, salles de musique et de concert, ateliers... Tout est bien tenu et le personnel extrêmement accueillant. On s'y sent presque chez soi !
Les inscriptions se font à l'année mais selon les activités il ne faut pas traîner. Certaines, très populaires, sont prises d'assaut, comme le yoga par exemple. Le japonais n'était pas complet quand je me suis inscrite, une aubaine !

Il y a 2 niveaux :
- débutant/faux débutant
- intermédiaire
J'ai choisi l'intermédiaire, évidemment, en me disant que j'apprendrais des choses et que cela me permettrait de travailler ma spontanéité à l'oral.
La même professeur s'occupe des 2 niveaux. Cela permet une homogénéité dans les connaissances des élèves et un suivi au cas par cas. D'une année sur l'autre, elle semble parfaitement se souvenir des acquis et difficultés de chacun d'eux. Elle a un français impeccable qui doit rassurer beaucoup de débutants.

L'année ne coûte pas cher, environ 150€ + achat du manuel. Si l'on compare à une école de japonais dans Paris (environ 300€/semestre), il n'y a pas photo. Mais.. Parce que oui, il y a un "mais" !

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Le cours "intermédiaire"

Je me doutais bien que le cours "intermédiaire" d'une association n'allait pas être du même niveau qu'un cours intermédiaire dans une école spécialisée. Les élèves ne sont pas les mêmes.
D'un côté il y a des passionnés mesurés (en MJC), qui aiment la culture japonaise qu'elle soit traditionnelle ou populaire mais qui ne sont pas forcément allés au Japon ou qui n'ont pas approfondi leur voyage de façon hardcore. Ce sont des gens qui voyagent au Japon comme je voyage au Pérou par exemple, avec passion mais sans boulimie.
De l'autre côté, il y a des passionnés obsessionnels (souvent en école spécialisée type SNG, AAA, Tenri...). J'avoue faire partie de ces gens-là. Je mange japonais, je vais en priorité dans les événements culturels s'ils ont un rapport avec le Japon, mon appartement déborde d'éléments japonais, mon entourage n'en peut plus de m'entendre parler du Japon et de sa culture... Bref, je suis boulimique !
Ce n'est pas pour autant que les premiers ne sont pas intéressants, loin de là, ils véhiculent même une immense vague de fraîcheur dans ce monde de passionnés hardcore. Les élèves de mon cours m'apportent d'ailleurs beaucoup, compte tenu de leurs univers et de leurs vécus tous différents. Cela se ressent dans les phrases d'exercices qu'elles (car finalement il n'y a que des femmes dans mon cours) construisent, dans les exemples qu'elles choisissent pour utiliser une structure grammaticale à travailler.

Mais avec ma licence de japonais en poche, même vieille de 7 ans, je ne me sens pas stimulée pendant ce cours. L'écart de niveau est trop grand. Même en intermédiaire, les élèves ne connaissent pas les katakanas, et ont encore des lacunes avec les hiraganas. La volonté d'apprendre est là, mais c'est surtout le rythme de l'apprentissage qui fait défaut...

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Un problème de pédagogie

La professeur semble très bien intentionnée et aimer animer ses cours. Elle est très humaine. Malheureusement, cela ne suffit pas.

Son choix de manuel s'est porté vers le Maneki neko, parce qu'il était facile à trouver à la fnac et qu'il était moins cher que les autres. Selon moi c'est un problème, on ne choisit pas un manuel pour son prix et sa disponibilité, mais on le choisit surtout pour sa structure et sa méthode. Une commande de groupe en début d'année chez Junku ou même directement au Japon serait parfaitement envisageable. Les élèves n'auraient ainsi pas à courir après le manuel.
Je me retrouve donc à devoir acheter ce manuel que je déteste par dessus tout, du coup je fais trainer en lisant sur celui de mes voisines.
En parlant de lecture du manuel, c'est terrifiant ! Les chapitres du Maneki neko sont composés de phrases indigestes rendant inintelligibles des structures grammaticales pourtant très simples. J'ai entendu à plusieurs reprises les élèves ricaner pendant la lecture de ces explications tellement c'est difficile à comprendre. La moyenne d'âge de la classe est de 40 ans, avec des professions tournées vers la lecture et l'analyse, ce n'est donc pas un problème de public, mais bel et bien d'écriture de manuel. La professeur quant à elle, est incapable de vulgariser ce que nous lisons, se contentant souvent de dire "oui... eh bien... comme c'est dit dans le livre finalement. Faisons un exercice tiens!"... C'est effectivement très inconfortable de vulgariser un texte mal écrit, on la comprend ! Mais dans ce cas, pourquoi utiliser ce manuel ? Pourquoi ne pas en chercher un autre ?

Comme je le disais en début d'article, le français de la prof est impeccable. Mais cette grande qualité pose finalement problème. Dans l'inquiétude que ses élèves ne comprennent pas ce qu'elle dit en japonais, cette dernière traduit systématiquement ses phrases en français, s'interrompant même souvent en milieu de phrase.
"Kyouha ... Aujourd'hui n'est-ce pas, nani shimashitaka... Qu'avez-vous fait aujourd'hui ?"
Je suis peut-être trop habituée au système de mime, de devinettes et de répétition à outrance pour que les élèves comprennent. Pourtant cela me parait bien plus stimulant qu'une traduction automatique.

Enfin, les explications manquent, les images également. En japonais, il existe beaucoup d'homonymes et lorsque l'on n'apprend pas les kanjis en même temps que les mots de vocabulaire, on a vite fait de se perdre avec tous ces sons identiques, comme "kumo" signifiant araignée ou nuage, "kiru" signifiant couper ou porter des vêtements. Aucun moyen mémo-technique, aucune image ou travail sur les intonations ne sont proposés pendant les cours.
"Oui... en japonais, c'est comme ça." (comprendre : Débrouille-toi avec ça coco !)

Avec tout cela, je ne suis donc pas étonnée des difficultés de mes camarades à avancer. Et je finis le cours avec une certaine frustration mêlée de peine. La prof est vraiment adorable et fait vraiment de son mieux pour animer son cours. Je pense qu'elle n'a tout simplement pas de technique d'apprentissage et qu'elle est devenue professeur grâce à sa nationalité.

En écrivant cet article, j'avais l'intention de continuer les cours malgré tout. Malheureusement, me rendant compte que semaine après semaine, je trainais de plus en plus la patte pour m'y rendre (alors que j'ai yoga dans une salle de l'autre côté de la cours juste avant...), j'ai décidé d'annuler mon inscription et de me remettre seule à mes révisions.
Cette année est riche en dépenses avec la préparation du mariage et le voyage au Japon approchant, je ne peux donc pas me permettre de m'inscrire dans une école privée spécialisée. Peut-être l'année prochaine ?

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8 commentaires:

  1. Aaaah je comprends ta frustration. Ton avis sur le Maneki Neko ne m'étonne pas, je pense qu'il est rassurant pour un autodidacte comme moi, mais indigeste pour une personne qui connaît déjà la langue. Les explications ne sont pas toujours très claires, je suis d'accord. C'est pour ça que j'essaie de réinterpréter ce que j'apprends quand j'en parle sur mon blog, le problème étant que... bah personne ne me corrige pour me dire "attention, tu as mal compris" lol

    C'est la vraie galère de l'apprentissage en solo.

    Avec le temps du coup, on finit par perdre la motivation, car les progrès ne sont pas flagrants. Et ajoute à ça l'effet "bourrage de crâne", tu peux imaginer dans quel état d'esprit je me trouve ces temps-ci. Merci pour ce partage d'expérience en tout cas :)

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  2. Eh bien il semblait tout aussi indigeste pour ces faux-débutants qui peuplent le cours.
    Avec un bon manuel, tu aurais moins besoin de réinterpréter ce que tu apprends, je pense et tu aurais peut etre moins cette sensation de bourrage de crâne.
    Je pense que je vais me pencher plus sérieusement sur un comparatif de manuels d'apprentissage pour débutants afin de proposer une alternative au Maneki neko !

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  3. Même problèmes à l'université populaire de Strasbourg. Élèves intermédiaires qui ne savent pas lire les hiragana et les katakana, et gros lacunes sur les bases ( forme négative et passée des adjectifs non maitrisées ). Bref on a fait 3 cours.
    Le prof n'utilise pas de manuels, tous très mauvais à son gout.
    Je me retrouvais le seul à poser des questions, et le prof était incapable de répondre clairement. Souvent je posais volontairement des questions sur des trucs que je connaissais pour voir comment il l'expliquerait. Bref une grosse perte de temps.
    On va plus vite à faire des exos chez nous et avancer avec nos manuels.

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  4. Bravo pour cet article !
    Je suis inscrite à Montpellier dans une association de japonais depuis septembre. J'avais essayé de commencer un apprentissage seule, mais je ne suis vraiment pas faite pour cela... Et en plus j'avais commencé avec ton cher et tendre Maneki Neko x).
    J'ai une prof japonaise qui est très bien, et qui nous fait travailler avec le manuel Minna no nihongo qui me convient bien mieux que l'autre comme tu as pu si bien le faire remarquer ci-dessus. Mon copain et moi nous sommes en niveau débutant. Par contre depuis déjà deux semaines, on a l'impression de ne pas avancer en cours. Effectivement, les gens n'ont pas le même niveau d'apprentissage et/ou ne glande rien de la semaine (à croire qu'une langue ça s'apprend par le saint esprit). Du coup, on rame on restant presque une heure sur des exos basiques avec des gens qui ne connaissent pas encore Hiragana et Katakana ><.
    Je ne sais pas si c'est comme ça dans toutes les associations, mais cela devient pénible... Je cherche d'autres petites choses sur internet pour m'améliorer encore plus vite. Si tu as des choses à me conseiller je suis preneuse :).

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  5. J'ai un peu la même expérience en arrivant au Japon. J'ai eu des cours de japonais dans un centre de langue à l'Université d'Osaka. La pédagogie (tous ces trucs qui facilite l'assimilation) faisait tellement défaut! Un écart de niveaux trop important entre les cours de kanji, de grammaire et de compréhension/lecture. Et les profs n'étaient pas capables de nous parler en anglais si l'on ne comprenait pas. Au final, tant mieux, ça nous a obligé à fouiller par nous-même...ailleurs! ^_^
    Mais je pense que ton expérience est normale. Les cours en maison pour tous sont souvent d'un niveau très basique, car ils sont faits...pour tous et les classes sont très hétérogènes. Alors que dans les écoles, ce sont des vraies structures privées d'apprentissage, avec des objectifs ciblés (un diplôme, un JLTP), des profs et des locaux (chers) à financer. Selon ce que l'on veut atteindre, on choisit l'un ou l'autre. Moyennant un budget, oui :-s Donc, bon courage si tu décides vraiment de faire solo!! C'est un sacré challenge :D

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  6. Manekineko est una ssez mauvais manuel. Je l'avais acheté tout au début de mon apprentissage et j'ai regretté : c'est très mal fait.

    Pour les disparités, je crois que c'est partout pareil : même à l'Ecole de Japonais on avait des élèves ne pouvant pas lire les katakanas en niveau avancé ! Et pareil niveau pédagogie. Après réflexion, les profs étaient sûrement des femmes japonaises mariées à des français et dont le niveau ne leur permettait pas de faire autre chose.

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  7. Merci pour tous vos retours et vos expériences en matière de cours de japonais. En un sens ca soulage, et dans l'autre ca m'atterre.
    Je suis en train de voir si le remboursement est possible. S'il ne l'est pas, je vais devoir continuer les cours toute l'année, mais peut-être serait-ce l'occasion de m'impliquer davantage dans le milieu pédago.

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  8. Merci pour tous vos retours et vos expériences en matière de cours de japonais. En un sens ca soulage, et dans l'autre ca m'atterre.
    Je suis en train de voir si le remboursement est possible. S'il ne l'est pas, je vais devoir continuer les cours toute l'année, mais peut-être serait-ce l'occasion de m'impliquer davantage dans le milieu pédago.

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