Nikkô la vieillissante | Japon 2015
Nous avons programmé 2 jours pleins à Nikkô, dont le premier était réservé à la visite des temples de la ville. Incontournables car classés au patrimoine mondial de l'Unesco, j'avais très envie de les voir en vrai pour m'en faire une idée. J'en avais eu des échos différents : certaines personnes les trouvant magnifiques, et d'autres aussi kitsch que le Kinkaku-ji de Kyôto (le pavillon d'or) que je n'aime pas du tout.
J'ai finalement beaucoup de choses à vous dire sur cette escale, que ce soit à propos des auberges où j'ai séjourné ou encore ce que j'ai pu y voir. C'était plus inoubliable que je ne l'aurais pensé !
Il y a donc 3 autres articles prévus à ce sujet :
- Où dormir à Nikkô
- La traversée des marais de feu de Senjôgahara
- Faut-il prendre le All Nikkô pass ?
Nous n'avons pas eu beau temps pendant ces 2 jours. Un ciel lourd et gris souris, beaucoup de pluie, le tout lié au froid montagnard. Cela donnait une envergure mystique à la région entourée de montagnes et de lacs. Nous avons eu beaucoup de chance cependant, il n'a pas plu pendant nos longues balades dans la nature ! Le climat parfait pour des moments gravés dans nos petites têtes.
Un temple, deux temples, trois temples...
Les grosses attractions de la ville se trouvent réunies au même endroit, ce qui est plutôt pratique. Il faut compter une demi-journée pour tout visiter si l'affluence de touristes est normale (fournie mais tolérable).Entouré de montagnes, le parc concentre ses temples à différentes hauteurs, tous bien nichés contre la roche et les hauts pins. La brume du matin les emmitoufle encore, leur donnant une superbe aura d'un passé fantomatique. La rosée qui perle sur la mousse, l'humidité sur le bois rouge ou doré des bâtiments, les cîmes cachées dans le ciel... Tout ces détails habillent les temples aux couleurs éclatantes.
Malheureusement, beaucoup de travaux sont en cours, et ce sur plusieurs années. C'est le cas du Rinno-ji dont le Sanbutsudo est en reconstruction depuis Avril 2011 jusqu'en Mars 2019. Ce dernier est totalement emballé dans une grosse boîte et en pièces détachées. La visite vaut toutefois le détour car exceptionnellement organisée en musée sur la construction des temples. Les explications en anglais sont très sommaires, mais il est possible de voir comment sont fixées les poutres, de quoi est composé un temple et quelles sont les causes du vieillissement du bois. La visite permet de tourner autour du temple décortiqué et de voir les artisans à l'oeuvre.
Certains bâtiments des autres temples sont également en rénovation : la porte Yomeimon du Toshogu et un élément du Taiyuinbyo je crois. Cela ne gène toutefois pas la visite.
Je n'ai pas spécialement aimé le Toshogu, temple principal de Nikkô. Croulant sous les dorures, semblant peser des milliers de tonnes, il écrase littéralement l'humain. C'est certainement voulu puisque c'est le mausolée de Tokugawa Ieyasu (le pilier du shogunat Tokugawa qui dura plus de 250 ans). A l'origine plutôt simple, le Toshogu aurait été élargi et redécoré par le petit fils d'Ieyasu, Tokugawa Iemitsu.
Pour ne rien louper du circuit de visite des temples, je vous recommande ce dossier très bien fait (et surtout à jour concernant les travaux de rénovation).
S'y rendre
Le bus touristique vous y mène directement (310 yen)
Toutes les entrées sont payantes et il n'existe momentanément plus de billet combiné. Je vous recommande de vous renseigner lors de votre séjour car il se peut que cette information soit obsolète d'ici quelques mois/années. Les prix varient entre 200 et 600 yen.
Le tour du parc se fait facilement à pieds.
Compter les Bake Jizo (Jizo fantômes)
Sur les conseils de notre hôte Shizuo-san (dont je vous parlerai avec nostalgie dans le prochain article), nous sommes allés rendre visite aux 100 Jizo veillant sur la rivière tumultueuse de Nikkô. C'est le coin préféré de Shizuo-san qui aime s'y balader et compter sans cesse les statues pour être certain que les Jizo soient tous à leur poste. La légende veut que si l'on compte les statues à l'aller puis au retour de la balade, leur nombre varie mystérieusement. J'avoue avoir bredouillé dans mes comptes 2 ou 3 fois avant d'abandonner complètement.A l'origine au nombre de 100, une violente crue de la rivière aurait eu raison des plus faibles. Il n'en resterait plus que 70 environ.
Peut-être à cause du mauvais temps, l'endroit était agréablement désert. La balade longe la rivière Daiya et l'abysse de Kanmangafuchi, créée il y a longtemps par une éruption du Mont Nantai. L'eau y est d'un bleu franc et écumante. Aucun pépiement d'oiseau pendant notre visite, seul le bruit de l'eau frappant les rochers fatigués.
S'y rendre
La balade près de la rivière se trouve derrière le jardin botanique, mais les deux ne communiquent pas. Il est tout de même possible de descendre à l'arrêt de bus Tamozawa et de marcher 15 minutes à travers un petit lotissement de maisons tranquilles. Rien que ce petit chemin loin des hordes de touristes en vaut la peine. Comptez une bonne trentaine de minutes si vous voulez rejoindre les 100 jizo depuis les temples de Nikkô.
Accès gratuit.
La villa impériale Tamozawa sous la pluie
Nous avons eu la chance de terminer une journée de visites dans cette villa. En arrivant 45 minutes avant la fermeture, le lieu était totalement désert. Nous avons donc eu le palais pour nous tout seuls, sous une pluie battante. Et qui dit avoir le lieu pour soi, dit aussi avoir les gardiens aux petits soins, prêts à nous expliquer chaque détail des pièces, prenant le temps de faire des détours linguistiques si nous ne comprenions pas tous les mots en japonais.La villa a originellement été construite à Tokyo et servait de résidence à une branche de la famille Tokugawa. Déplacée à Nikkô en 1899, elle devient la résidence d'été de la famille impériale. Composée de 106 pièces, la villa mélange les styles architecturaux japonais de la période d'Edo et de Meiji, au style occidental en vogue à l'époque : on y trouve donc une salle de billard et le verre des vitres était directement importé d'Allemagne. Certains sols sont recouverts de moquette quand d'autres sont composés de tatamis. Le style japonais reste toutefois dominant.
Un gardien nous a expliqué la différence entre la représentation du chrysanthème impérial et celle, plus commune, des passeports japonais.
La fleure impériale a un détail en plus derrière ses pétales que n'a pas le chrysanthème commun, pour que le symbole soit celui de la nation, tout en étant particulièrement celui de la famille impériale. Astucieux !
Nous n'avons malheureusement pas pu profiter des jardins comme nous aurions voulu, à cause de la pluie. Il nous a fallu les parcourir à la vitesse de la lumière, prenant l'eau de toute part malgré les parapluies.
S'y rendre
Le bus vous dépose devant à la station Tamozawa.
Horaires d'ouverture : de 9h à 17h (16h30 de Novembre à Mars)
Fermeture le Mardi
Tarif : 510 yen
En cas de faim
Nikkô possède plusieurs spécialités culinaires.
Le yuba
Il s'agit de la pellicule qui se forme lorsque l'on fait bouillir le lait de soja. Récupérée et souvent enroulée sur elle-même, elle est servie à Nikkô dans les soupes de soba ou de udon.
J'ai pu en manger plusieurs fois en 2 jours et ai trouvé que les yubas du Asahiya étaient les meilleurs. Situé près de la gare Tobu, sur la grande place, ce restaurant ne paie pas de mine mais est une bonne cantine pour déjeuner. Les prix sont corrects, le service est agréable et la salle (à l'étage d'un magasin) est relativement confortable. Enfin, et c'est un sacré bon point : les nouilles sont faites maison !
Asahiya
10-2 Matsubaracho, Nikkô 321-1406, Tochigi
Site internet en japonais
Le cheese tamago
J'ai raté l'occasion d'y goûter, et pourtant ce n'est pas faute d'y avoir pensé pendant tout mon séjour... Malgré son nom, il ne s'agit en fait pas d'un oeuf au fromage ! D'après ce que j'ai pu en lire sur internet, le cheese tamago serait
une sorte de cheese-cake en forme d'oeuf dur. On trouve des échoppes un peu partout autour des lieux touristiques.
Je serais curieuse d'en savoir plus si, d'aventure, quelqu'un avait goûté cela !
Le castella
Ce gateau spongieux originaire du Portugal semble avoir ses marques de noblesse à Nikkô. Je ne sais absolument pas pourquoi ! Une chose est sûre : il y a beaucoup de boutiques de castella, et même un centre commercial spécialisé. Il semble même qu'il y ait une recette particulière agrémentée de feuilles d'or...
Hello !
RépondreSupprimerMerci pour ce joli article ! Malgré la pluie, tes photos sont très belles (je trouve que je côté brumeux/pluvieux rend très bien). J'espère retourner au Japon un de ces jours et voudrai m'aventurer dans des endroits comme celui-ci, loin du tumulte des grandes villes et des sentiers touristiques ><.
Des bisous
J'adore ta photo, tu as l'air si heureuse :)
RépondreSupprimerje n'aime pas specialement non plus le Toshogu. Trop de monde et en effet trop de dorures.
Tu m'apprends que Nikko a comme specialite les castella, je pensais que c'etait que Nagasaki.
Une chose que j'adorererais faire est le comptage des jizo. Depuis que j'ai vu ca a la tele ca m'intrigue. Ca vaut le deplacement tu penses ?
Merci pour ton carnetr de voyage et toutes les informations precieuses.
Joli article et photos! :) Nikko semble vraiment avoir une ambiance un peu magique et surannée, ça donne vraiment envie de la découvrir :)
RépondreSupprimerSonia > Nikko est un peu un mélange de calme et de tumulte touristique. Nous avons eu beaucoup de chance, car selon la saison, c'est un lieu blindé mais vraiment blindé de touristes qui parfois subit les saisons mortes. Momiji n'ayant pas été exceptionnel, j'imagine que cela a contribué au fait qu'il y ait relativement peu de monde.
RépondreSupprimerBéné > je ne pensais pas non plus pour le Castella, mais on en trouve vraiment partout, surtout que ce n'est pas une ville portuaire avec une grande histoire portugaise...
Si tu ne comptes faire que les jizo, je pense que ca ne vaut pas le coup. En revanche si tu as envie de te perdre un peu dans la nature, tu peux profiter des alentours pour faire de super balades. Comme tu as déjà fait le Toshogu, les jizo seuls ne valent pas vraiment le coup.